Marilyn Monroe pour toujours

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SéNéGAL

Marilyn pour toujours

 

La république du Sénégal occupe la partie la plus occidentale du continent africain. Du fait de sa position géographique, des contacts nombreux et anciens furent établis entre ce qui est aujourd’hui le Sénégal et les Européens, d’une part, venant par la mer, et les Arabo-Berbères, d’autre part, situés au nord du Sahara. La colonisation française, qui a commencé au XVIIe siècle, a fortement marqué la culture sénégalaise. Le Sénégal participa activement à la vie politique française et fut le siège des institutions fédérales de l’Afrique-Occidentale française (A.-O.F.). Devenue indépendante, la république du Sénégal connaît une vie politique inspirée par le socialisme africain, dont Léopold Sédar Senghor fut le théoricien, et une incontestable volonté démocratique. Le président Abdou Diouf, qui a succédé à Léopold Sédar Senghor à la présidence de la République, a misé sur une libéralisation économique du pays. L’économie sénégalaise fut longtemps marquée par la monoculture de l’arachide. Cette production demeure importante, mais des efforts d’industrialisation et de diversification des cultures devraient lui permettre d’échapper aux risques créés par la dégradation des cours internationaux de l’arachide. Pays du Sahel, le Sénégal subit les conséquences néfastes de la sécheresse qui prend un caractère chronique dans la décennie de 1970.

1. Le cadre géographique

La république du Sénégal est née dans les limites territoriales qui avaient été fixées par la colonisation. Elle a un territoire de 201 400 kilomètres carrés, qui est limité à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par le fleuve Sénégal, à l’est par un affluent de celui-ci appelé Falémé, au sud par les contreforts du Fouta-Djalon et la Guinée-Bissau. Ce territoire est compris entre 120 8H et 160 41H de latitude nord, 110 21H et 170 32H de longitude ouest. Le Sénégal a un relief peu accidenté. Il est, pour sa plus grande partie, à une altitude inférieure à 200 mètres. Il est arrosé par deux fleuves importants: le Sénégal, qui a sa source dans le Fouta-Djalon et qui se jette dans l’Atlantique à Saint-Louis; la Gambie, qui naît dans le Fouta-Djalon et se termine par un estuaire dans l’Atlantique (la plus grande partie de son cours est située en Gambie). Il existe des fleuves secondaires, comme le Saloun et la Casamance. Les conditions climatiques déterminent quatre zones de végétation. La zone côtière nord a un climat marqué par le régime des vents alizés, qui donne une température fraîche durant l’hiver, chaude et pluvieuse pendant l’été et le début de l’automne. La zone sahélienne, au nord de la ligne Tivaouane-Bakel, connaît une saison sèche, qui dure du mois de novembre au mois de mai, avec des températures élevées (près de 400). Pendant la saison humide, les températures maximales baissent. La végétation est pauvre, sauf dans la vallée, mais le sol sablonneux permet la culture de l’arachide. La zone soudanienne, au sud de la précédente, a des températures élevées et des précipitations plus abondantes. La végétation est faite de savanes forestières plus ou moins sèches. Enfin, la Casamance offre un climat de type guinéen. Elle commence à l’estuaire de la Casamance et s’étend vers le sud. La végétation est abondante et variée. Les conditions climatiques permettent l’exploitation du palmier à huile et du riz.

2. La population

En 1993, la population du Sénégal était estimée à 7,9 millions d’habitants. Le taux de progression démographique étant de 2,6 p. 100 par an, le nombre des habitants dépasserait 9 millions en l’an 2000. La population africaine est composée de plusieurs ethnies qui ont une certaine localisation géographique. Les Ouolof représentent 43 p. 100 de la population et sont principalement dans le bas Sénégal. Les Toucouleur (13 p. 100) sont établis sur le cours moyen du fleuve. Les Sérère (19 p. 100) sont sur la zone côtière et dans le bassin arachidier. On note également les Diola, Bainouk et Balante (14 p. 100), en Casamance, et les Peul, qui sont une population nomade partiellement sédentarisée, dans la zone du Ferbo. De nombreux étrangers sont établis au Sénégal. Il y aurait vingt-cinq mille Européens et plus de trente mille Libanais et Syriens, qui ont parfois la nationalité sénégalaise. La population est inégalement répartie entre les zones urbaines (38 p. 100) et les zones rurales (62 p. 100). Le surpeuplement de Dakar (1 571 000 hab.) est un facteur de déséquilibre.

3. L’évolution historique

La période précoloniale

Le territoire du Sénégal a été très anciennement peuplé, et les sites archéologiques démontrent la présence d’une population développée. L’histoire politique du Sénégal commence au XIe siècle. Avant l’islamisation des populations, les seuls ensembles organisés étaient l’empire du Ghana, qui fut détruit en 1076, et le royaume du Tékrour. Au XIIIe siècle, l’invasion mandingue donna naissance à l’empire du Mali. L’actuel Sénégal y fut intégré avec toutes les populations entre le Sénégal et le Niger. Au XIVe siècle apparaît un empire fameux, le Djolof, qui s’étendait entre le Sénégal et le Cap-Vert. Il devait donner une unité sociale et religieuse (l’Islam) aux éléments le composant. D’autres organisations politiques existaient, tels les royaumes du Cayor, du Baol et les royaumes sérères. L’expansion de l’Islam entraîna la transformation des royaumes traditionnels et l’apparition de nouvelles organisations politiques dans lesquelles les lettrés, ou marabouts, occupèrent des postes de commandement.

La colonisation

Les Portugais établirent au XVe siècle les premiers contacts. Après avoir découvert l’estuaire du Sénégal et le Cap-Vert, ils construisirent des points de commerce sur la côte de Gambie et en Casamance. L’introduction du christianisme compléta l’activité commerciale. Puis ce fut le tour des Hollandais, qui construisirent au XVIIe siècle le fort de Gorée qui commande le Cap-Vert, et des Anglais, qui s’intéressaient davantage à l’embouchure du fleuve Sénégal. Animés par des soucis purement commerciaux, ils ne cherchèrent généralement pas à pénétrer à l’intérieur du pays ni à s’établir durablement. La colonisation française commence au XVIIe siècle. Un établissement, mi-fort, mi-entrepôt, est construit en 1659 dans une île de l’embouchure du fleuve; il prend le nom de Fort-Saint-Louis-du-Sénégal. La présence française, essentiellement commerciale, connut des vicissitudes du fait de la concurrence avec l’Angleterre. Après que les traités de 1815-1816 eurent rendu les établissements du Sénégal à la France, une nouvelle politique fut appliquée. L’arrivée au Sénégal de Faidherbe marqua le début d’une politique de conquête de l’arrière-pays. Elle se heurta à la résistance du Lat Dior. À la fin du XIXe siècle, tout le territoire de l’actuel Sénégal était soumis. La politique coloniale française fut, d’abord, d’administration indirecte; il s’agissait d’utiliser les chefs locaux comme des intermédiaires et des collaborateurs. On passa assez vite à un système d’administration directe, sauf dans les quatre communes (Dakar, Gorée, Rufisque et Saint-Louis) dont les habitants étaient citoyens français. Elles étaient à ce titre représentées dans les assemblées nationales. Avec la création de l’A.-O.F., Dakar devint le siège des organes de la fédération. Le Sénégal bénéficia de cette situation. Après la Seconde Guerre mondiale, le Sénégal eut le statut de territoire d’outre-mer et fut doté d’organes propres et de quelques compétences. Un mouvement favorable à une plus grande autonomie se manifesta. La loi-cadre du 23 février 1956 donna partiellement satisfaction à cette demande.

L’indépendance

Pour le Sénégal comme pour les autres territoires d’outre-mer, l’élaboration de la Constitution de 1958 fut l’occasion d’un profond changement. Lors du référendum constitutionnel du 28 septembre 1958, le Sénégal se prononça en faveur d’une évolution vers l’indépendance dans le cadre de la Communauté. Il opta pour le statut d’État membre et se dota d’une constitution inspirée du texte français. Le Sénégal et le Soudan, devenus indépendants en 1960, constituèrent la fédération du Mali. Les difficultés apparurent rapidement. Au mois d’août 1960, la fédération éclata et le Sénégal se donna une nouvelle Constitution, promulguée le 25 août 1960. Elle établissait un régime parlementaire avec Léopold Sédar Senghor à la présidence de la République et Mamadou Dia à la tête du gouvernement. Au mois de décembre 1962, une divergence politique et un désaccord sur l’interprétation de la Constitution opposèrent L. S. Senghor et M. Dia. Après l’échec d’une tentative de coup d’État, le président de la République reprit la situation en main. Une nouvelle Constitution, établissant un régime présidentiel, fut adoptée par référendum au mois d’avril 1963. Elle donnait de larges pouvoirs au président de la République et fonctionnait avec un parti dominant, l’Union progressiste sénégalaise (U.P.S.). Depuis lors, le Sénégal a modifié ses institutions politiques à plusieurs reprises. Les révisions constitutionnelles ont toutes été orientées vers l’établissement d’un pluralisme politique et d’une démocratisation de la vie politique.

4. Les institutions politiques

L’organisation des pouvoirs publics est définie par la Constitution du 7 mars 1963, révisée le 20 juin 1967, le 26 février 1970, les 19 mars et 6 avril 1976, le 28 décembre 1978 et le 24 avril 1981. La multiplicité des révisions constitutionnelles ne traduit pas une instabilité politique malsaine, mais la nécessité de passer avec précaution d’un système de parti dominant, marqué par la personnalité d’un homme, à un régime pluripartite dans lequel les mutations politiques se sont faites sans soubresaut.

Les structures constitutionnelles

La Constitution de 1963 établissait un régime présidentiel, c’est-à-dire de séparation des pouvoirs, avec une assez nette prépondérance du président de la République. Au fil des réformes constitutionnelles, des éléments de parlementarisme ont été introduits. Le président de la République est élu au suffrage universel direct, au scrutin majoritaire à deux tours, pour un mandat de cinq ans. Il est politiquement irresponsable. Le gouvernement, présidé par le Premier ministre, que le chef de l’État choisit librement, est composé des ministres nommés par le président de la République sur proposition du Premier ministre. L’Assemblée nationale est élue au suffrage universel direct. Le mode de scrutin adopté est la représentation proportionnelle sur une liste nationale. Le pouvoir judiciaire est exercé par les cours et tribunaux et il est indépendant des autres organes. Les relations entre ces divers organes et leurs compétences respectives ont évolué au cours du temps. On est passé d’un système dans lequel le président de la République exerçait la totalité de la fonction exécutive (Constitution de 1963) à une organisation dans laquelle le chef de l’État intervient directement dans des domaines qui lui sont réservés (politique étrangère, armée, défense, certaines affaires intéressant la justice) et par des pouvoirs propres (recours aux pouvoirs exceptionnels et au référendum, dissolution de l’Assemblée nationale), alors que le gouvernement opte librement dans les autres secteurs. Le gouvernement dispose donc d’une certaine autonomie de décision, qui est tempérée par le fait qu’il est responsable devant le président de la République et doit donc agir en accord avec lui.

Les rapports entre les organes exécutifs et le Parlement sont commandés par le principe de la collaboration. Les lois sont votées par l’Assemblée nationale. Les députés partagent l’initiative des lois avec le président de la République qui promulgue les textes votés et peut demander de procéder à une seconde lecture. Sur le plan organique, le président de la République peut prononcer la dissolution de l’Assemblée nationale lorsque celle-ci a voté une motion de censure contre le gouvernement. Ce dernier peut être obligé de démissionner quand l’Assemblée nationale vote une motion de censure à la majorité absolue. Le régime établi ressemble beaucoup à la pratique française née de la Constitution de 1958. Les mécanismes constitutionnels relatifs à la succession du chef de l’État ont fonctionné en 1981. La Constitution prévoyait que le Premier ministre accéderait à la présidence lorsque le chef de l’État en place cesserait ses fonctions avant la fin de son mandat, et pour la durée du mandat restant à couvrir. Réélu en 1978, le président Senghor décida de cesser ses fonctions au 31 décembre 1980. En conséquence, le Premier ministre Abdou Diouf accéda à la présidence de la République le 1er janvier 1981. Il fut reconduit dans ses fonctions lors des scrutins de 1983 (84 p. 100 des suffrages), de 1988 (73 p. 100) et de 1993 (58 p. 100).

Les forces politiques et le fonctionnement des institutions

Le nombre des partis politiques et les conditions de fonctionnement des institutions constitutionnelles sont déterminants pour caractériser un régime politique. Sur ce plan, le Sénégal apparaît en Afrique comme ayant opté pour une solution originale. Lors de son accession à l’indépendance, le Sénégal adopta le système du parti dominant; il était juridiquement possible que plusieurs partis politiques existent, mais le plus radical d’entre eux avait été interdit pour cause d’appel à la violence et toutes les autres formations s’étaient progressivement fondues au sein de l’Union progressiste sénégalaise (U.P.S.). Cette situation continua jusqu’à la révision constitutionnelle du 19 mars 1976, qui autorisa l’activité de trois partis représentant les trois principales tendances de la pensée politique: marxiste-léniniste, socialiste-libérale et libérale. Ces trois partis étaient le Parti socialiste (nouvelle dénomination de l’U.P.S.), le Parti démocratique sénégalais qui correspondait à l’orientation libérale et le Parti africain de l’indépendance de tendance marxiste-léniniste. La création d’un quatrième parti fut autorisée en 1978, mais il fallut attendre la réforme constitutionnelle proposée par le président Abdou Diouf après qu’il eut accédé à la présidence de la République à la suite de la démission du président-fondateur, Léopold Sédar Senghor. La loi constitutionnelle du 6 mai 1981 supprime toutes les limitations concernant le nombre des partis politiques. La démocratie pluraliste était établie. La conséquence immédiate de cette réforme fut l’apparition d’un grand nombre de partis politiques: ils atteignirent alors le chiffre de douze. Ce système met en évidence une nette domination du Parti socialiste, un principal parti d’opposition qui est le Parti démocratique sénégalais dirigé par Me Abdoulaye Wade et une poussière de partis d’inspiration très diverse. Le caractère démocratique des institutions sénégalaises était testé pour la deuxième fois le 28 février 1988, avec l’organisation d’élections présidentielle et législatives où s’affrontèrent les représentants des nombreuses tendances politiques; les quatre candidats étaient: Abdou Diouf, président sortant; Me Abdoulaye Wade, président du P.D.S. et concurrent habituel du président sortant; Me Babacar Niang, candidat du Parti pour la libération du peuple; et Landing Savané, ingénieur en informatique et chef du Mouvement révolutionnaire pour une démocratie nouvelle. Quant aux élections législatives, six des dix-sept formations politiques y présentaient des candidats. Cette dispersion des candidats consacre l’échec des tentations unionistes de Me Wade qui considère, à juste titre sans doute, que seule l’union de l’ensemble de l’opposition pourrait éventuellement mettre fin à la domination du Parti socialiste (P.S.) majoritaire. Sans doute la mesure prise en 1981 par le président Diouf pour supprimer la limitation du nombre des partis était-elle l’expression d’une volonté démocratique sincère, mais elle constituait aussi un moyen pour affaiblir l’opposition en la divisant entre de nombreuses formations. En effet, le mode de scrutin en vigueur, qui prévoit que les sièges sont pourvus pour moitié au scrutin majoritaire à un tour et pour moitié à la représentation proportionnelle, donne un large avantage au parti principal et laisse une faible part de la représentation à l’opposition divisée, au sein de laquelle le P.D.S. est la formation la plus importante.

Les programmes des principales formations politiques ont en commun qu’aucune ne se considère comme étant de droite. Le P.S. veut être le parti de la saine gestion gouvernementale, orientée vers une réduction des inégalités sociales et une bonne organisation de l’économie, au sein de laquelle le secteur public occupe une position relativement importante. Il se présente comme soucieux de compétence technique et de «transparence»: «Le renouveau se définit surtout en terme de rupture avec les vieilles pratiques que pudiquement nous appelons politique politicienne. Il s’agit également de rompre avec les pesanteurs et les féodalités de toutes sortes qui sont des forces d’inertie, de conservatisme et de régression» (congrès extraordinaire du Parti socialiste sénégalais de janvier 1984). Sur le plan économique, il a accepté des mesures d’assainissement de l’économie indiquées par le Fonds monétaire international (F.M.I.) comme conditions de l’attribution de crédits et il croit aux mérites d’une gestion assurée par de jeunes fonctionnaires compétents, qualifiés localement de technocrates. Quant au P.D.S. de Me Wade, il critique la politique de rigueur menée par le gouvernement et dictée par le F.M.I. et propose de «mettre en œuvre toutes les ressources du pays avant toute recherche d’aide extérieure», mais il est favorable à une coopération privilégiée avec la France. L’extrême gauche offre toutes les interprétations possibles du marxisme. Les élections du 28 février 1988 ont vu la réélection d’Abdou Diouf à une large majorité, près de 75,8 p. 100 des suffrages exprimés, et la victoire du P.S. aux élections législatives (P.S. 75 p. 100; P.D.S. 24 p. 100). Malheureusement, le lendemain de l’élection a été marqué par des troubles graves qui ont éclaté à Dakar au motif que les élections avaient été truquées et que les cartes électorales n’avaient pas été régulièrement distribuées pour désavantager les partis d’opposition. L’état d’urgence a été proclamé et Me Wade, principale personnalité de l’opposition, emprisonné sous l’accusation d’avoir suscité des troubles pour prendre le pouvoir. Ces circonstances hypothéquaient gravement le processus démocratique dans un des très rares pays africains qui aient voulu le mettre en œuvre. Les élections du 21 février 1993 se sont déroulées dans des conditions plus sereines, à l’exception du sud du pays où les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (M.F.D.C.) appelèrent au boycottage du scrutin et affrontèrent l’armée. L’ensemble des partis avait élaboré un nouveau code électoral plus démocratique. La formation d’un gouvernement d’union nationale en avril 1991 avait aussi permis au président Diouf d’associer l’opposition, en particulier Me Wade, à l’exercice du pouvoir. Cette habileté politique a sans doute compté dans la réélection du président Diouf dès le premier tour avec 58,4 p. 100 des suffrages, contre 32,03 p. 100 pour Me Wade. Aucun des six autres candidats n’obtint plus de 3 p. 100 des voix. La participation s’éleva à 51,46 p. 100. Ces résultats confirmaient la bipolarisation de la vie politique sénégalaise.

L’influence de l’islam

La population sénégalaise est musulmane à près de 90 p. 100 et elle pratique un islam fortement marqué par les confréries. Durant la période coloniale, l’autorité s’appuyait sur les marabouts pour qu’ils servent de moyen d’encadrement des populations, notamment pour les inciter à cultiver l’arachide, et en échange les reconnaissait comme des interlocuteurs responsables et les récompensait de diverses manières. Ce système a fonctionné au lendemain de l’indépendance au bénéfice de Léopold Sédar Senghor qui, bien que chrétien, s’appuyait sur les marabouts, chefs des grandes confréries des mourides et des tidjanes. Depuis l’accession d’Abdou Diouf à la présidence de la République, il semble qu’une lézarde apparaisse dans les relations État-islam, alors que le président de la République est un musulman convaincu. Un renouveau de l’islam se manifeste avec la création d’associations islamiques qui se forment autour d’un marabout et constituent des réseaux d’entraide mais aussi de réflexion et d’action sociale et politique. Le fondamentalisme intégriste n’a pas autant de force que dans de nombreux pays arabes, mais son influence est indéniable, notamment dans les milieux jeunes et intellectuels. L’action des marabouts limite l’expression de l’intégrisme mais elle ne peut empêcher des revendications contre le caractère laïque de l’État. Pour l’essentiel, l’alliance entre les marabouts et le gouvernement se maintient mais avec une moindre dépendance des premiers par rapport au second. Le renouveau islamique permet de pallier les effets négatifs de la modernisation de la vie sociale qui engendre des marginaux. Des écoles islamiques accueillent ceux qui sont rejetés par le système d’enseignement public, les jeunes diplômés chômeurs trouvent dans la religion un apaisement à leur rancœur et une raison d’espérer en une société vraiment juste où ils auraient leur place.

La difficile unité nationale

Comme tous les États africains issus de la décolonisation, le Sénégal a été confronté au problème de la construction de l’unité nationale considérée comme la condition du bon fonctionnement de l’État. L’établissement d’un parti dominant, avec le déroulement des élections sur la base d’une liste nationale, fut le premier moyen pour empêcher l’expression d’une division ethnique et régionale. Des progrès non négligeables ont été obtenus, mais des tensions régionales existent, tout particulièrement en Casamance située dans le sud du pays et séparée du territoire du nord par la Gambie. La création de la Sénégambie par le pacte du 17 décembre 1981, qui prévoyait des institutions communes et une intégration des forces armées et de sécurité, avait notamment pour but de désenclaver la province irrédentiste. La Sénégambie devait finalement disparaître en 1989 du fait d’intérêts trop divergents entre les deux pays. Depuis 1981, des éléments de la population diola sont en état de rébellion: révolte lycéenne en 1981; manifestations violentes en 1983; émeutes en décembre 1983 qui firent vingt-cinq morts et quatre-vingts blessés; affrontements répétés et de plus en plus meurtriers depuis lors, en dépit d’un accord de cessez-le-feu en mai 1991. Les verdicts relativement modérés n’ont pas apaisé les populations, non plus que les réformes divisant la Casamance en deux régions administratives, les efforts d’investissements faits en faveur de cette région et une meilleure représentation des Casamançais au sein du gouvernement et de la direction du P.S. En dehors de l’isolement géographique et de la différence culturelle, la cause de la volonté d’autonomie de la Casamance réside sans doute dans la difficulté de communication entre un gouvernement qui veut rationaliser la gestion et une société largement animiste et acéphale qui voit dans ces mesures une agression contre sa personnalité. C’est là une question grave que la violence ne pourra pas régler et qui risque de gêner pendant longtemps la paix civile et l’unification de la société sénégalaise. Un nouveau foyer de tensions est né au cours de l’année 1989 sur la frontière mauritanienne. Les massacres de Mauritaniens installés au Sénégal ou de Sénégalais en Mauritanie ont provoqué un exode massif de population à la fin du mois d’avril (250 000 Mauritaniens, 100 000 Sénégalais). Les causes de cette soudaine flambée de violence semblent imputables à la traditionnelle rivalité entre Arabo-Berbères et Négro-Africains, qui divise la Mauritanie. Les deux pays n’ont rétabli leurs relations diplomatiques qu’en avril 1992.

5. La situation économique

L’économie sénégalaise est encore marquée par un net sous-développement et des difficultés importantes liées à la crise de l’agriculture et à la mauvaise situation sur le marché mondial des matières premières dont le Sénégal est producteur. La culture de l’arachide, implantée du temps de la colonisation, demeure le poste principal de la production sénégalaise et la première source de devises. Après des années de dramatique sous-production liée à la sécheresse, la production d’arachide a tourné autour de 700 000 tonnes en 1991 et de 578 000 tonnes en 1992, mais l’effondrement des prix mondiaux des oléagineux rend les efforts d’augmentation de la production sans effet. La demande d’arachide baisse au bénéfice du soja et du blé pour l’alimentation des animaux. Cette situation entraîne une désaffection des agriculteurs, qui se retournent vers les céréales vivrières. Les conditions de production et de commercialisation, qui dépendent de l’État, entraînent des difficultés pour les producteurs qui sont payés tardivement et à un prix bas. Les ressources minières sont le phosphate et un peu de fer. La production tourne autour de 1,7 million de tonnes par an, mais la commercialisation est difficile en raison de la faiblesse des prix et de l’encombrement du marché mondial. La situation économique est mauvaise. Le Sénégal se trouve dans une situation de dépendance accrue à l’égard des institutions internationales financières et des pays fournisseurs d’aide comme l’Union européenne et la France. Les ressources tirées de la pêche et du tourisme ne sont pas négligeables. La pêche est le deuxième secteur économique du pays. Cette activité a fortement progressé au cours des dernières années et les quantités mises à terre avoisinent les 319 000 tonnes en 1991. Le Sénégal se trouve confronté au problème de la concurrence que lui livrent les grandes unités de pêche japonaises et russes qui ratissent les fonds au large et ne débarquent aucun poisson, celui-ci étant traité à bord. Le plus grave pour le Sénégal est sa situation financière. Le montant de la dette atteint 2,8 milliards de dollars en 1991, soit de 60 à 70 p. 100 du P.I.B., et le service de la dette absorbe près de 50 p. 100 des recettes budgétaires. Il lui faut obtenir le rééchelonnement de la dette et surtout supprimer les causes principales de l’endettement, au rang desquelles figure en bonne place la gestion publique. La remise en cause du fonctionnement comme de l’étendue du secteur public a bien obligé à une révision du socialisme sénégalais tel qu’il avait été défini dans les années 1960. C’est ainsi qu’à une planification d’inspiration socialiste se sont substitués, à partir des années 1980, les plans d’ajustement structurel dont la réalisation conditionne l’aide des organisations financières internationales. Le coût social de ces ajustements successifs ne cesse de croître, alors que les améliorations de la situation économique se font attendre.

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